Les ados, ces autres que l’on ne comprend pas !

D'une part, ils nous étonnent dans la vitesse d’acquisition de leurs apprentissages. Nous les regardons tendrement dépasser notre savoir à propos d’un phénomène d’actualité. D'autre part, ils nous interpellent lorsque nous nous demandons pourquoi après trois rappels de notre part, les chaussettes ornent encore le bord de la fenêtre du salon !

Les neurosciences et la psychologie nous expliquent comment les adolescents fonctionnent de manière à mieux les comprendre. L'étude de la maturation cérébrale nous indique les fonctionnalités responsables d'un type de comportement donné. La psychologie complète l'hypothèse neurobiologique en nous mettant sur la voie de la relation à l'Autre. Ces deux approches nous offrent donc une vision d'ensemble pour mieux expliquer le phénomène adolescent.

Le développement du cortex

Pourtant l’explication est à portée de neurones ! Leur cerveau est encore en construction. Hé oui… madame nature doit encore faire les dernières « finitions » ! Nos collègues médecins nous expliquent que le cortex préfrontal qui est responsable de la capacité de régulation, jugement et planification est encore en développement à l’adolescence.

En parallèle le système limbique, autrement dit le cerveau émotionnel est en plein tumulte sous l’effet de la puberté. Le comportement adolescent est influencé par cette spécificité du développement cérébral.

Ce qui explique que, sous l’effet du développement pubertaire, l’adolescent va avoir envie d’explorer son monde. Cette exploration est très positive et en règle générale elle contribue à un passage sain de monde de l’enfance à celui l’âge adulte.

Une capacité d'analyse réduite

Il arrive cependant que l’adolescent soit confronté à des conduites à risque, pourquoi ? Le cortex préfrontal a une fonction inhibitrice. A l'adolescence, le système de détection du risque n’a pas encore atteint son pic d’efficacité, il ne permet pas de réguler ces conduites à risque.

Un article issu de Cairn nous offre un aperçu assez complet sur la question : "Ces régions dont la maturation est tardive jouent un rôle clé dans la perception et l’évaluation des risques et des bénéfices qui y sont associés, et l’élaboration des stratégies d’action."

Comme l'explique Sonia Ciotta du cabinet de psychologie de Lausanne dans son blog de psychothérapeute : "sans leur capacité d’inhibition, la capacité d’analyse des risques est réduite, nos ados ont donc moins de freins". Par conséquent lorsqu’il s’agit de mettre à exécution une tâche qui requiert une planification, ils se trouvent en difficulté.

Ici le rôle de l’adulte devient primordial. Il est le miroir émotionnel de l’adolescent. Le jeune adulte, particulièrement stimulé sur le plan émotionnel sous l’effet pubertaire, va acquérir un modèle de gestion des émotions grâce à l’adulte de confiance.

La gestion des émotions

Schématiquement, nous pouvons dire que la gestion émotionnelle de l’adulte devient un modèle de reproduction pour l’adolescent, là où le cortex préfrontal n’opère pas encore dans sa fonction d’inhibition.

En effet, un parent, un membre de la famille élargie, un éducateur, un enseignant ou toute autre personne de référence pour l'adolescent, a un rôle important à jouer. De quelle manière ?

L'adolescent va observer la manière dont son modèle réagit aux stimulations de son environnement et va l'imiter par identification. Si son cortex ne lui permet pas d'avoir un jugement suffisant sur une situation donnée, un modèle adulte va l'aider à compléter son analyse de la situation. C'est ce que la psychanalyse appelle un système pare-excitant.

Les conduites à risques à l'adolescence sont contenues par l'environnement dans lequel le jeune évolue. En effet, si son environnement peut favoriser la fonction pare-excitante, alors l'adolescent sera rassuré par son modèle. Au contraire si l'environnement du jeune est précaire en modèles pare-excitants, il pourra développer des inquiétudes, voire des angoisses.

 

Être pare-excitants pour nos jeunes

Lorsque nos jeunes réagissent de manière virulente, oppositionnelle, voir insolante, nous pouvons reconnaitre que le système d'inhibition ne fait pas son travail. Il en va de même pour des conduites du type : prise de drogues, mise en danger immédiat, conduites sexuelles à risque, etc.

Il s'agit, dès lors que nous sommes au contact avec le jeune, d'essayer de ne pas réagir en symétrie. En effet, une conduite violente verbalement ou même physiquement laissera notre interlocuteur dans la plus grande solitude. Au contraire, une réaction calme mais ferme par exemple, aidera le jeune à comprendre, en miroir, comment gérer ses propres débordements émotionnels.

Il n'est pas toujours simple pour les parents de garder leur calme face un adolescent turbulent. Il est donc conseillé dans ces étapes de la vie, de demander un soutien si la situation déborde. Des spécialistes éducateurs ou psychologues, peuvent vous aider dans le renforcement de la fonction pare-excitante.

Parfois le recours à ces professionnels provoque un sentiment de culpabilité lié à l'idée de ne pas être à la hauteur. Ces difficultés sont transitoires. Elles constituent le développement normal à l'adolescence.

Pour conclure, il convient de souligner l’importance du lien entre l’adolescent et son monde. En effet, il semble que la compréhension neurobiologique du fonctionnement humain et la perspective psychologique (notamment la rencontre avec l’adulte) constituent l'alliage de prédilection pour favoriser le développement à l’adolescence.