Trypophobe, est-ce une maladie psychologique ?

Une phobie désigne une peur panique et irraisonnée, généralement accompagnée d'une fuite. Nombreuses sont les phobies qui peuvent toucher l'être humain : l'agoraphobie (la peur de la foule), la claustrophobie (la peur des espaces clos), l'hémophobie (la peur du sang) et même la trichophobie (la peur des poils). D'autres peurs irraisonnées existent et sont pourtant mal connues, c'est le cas de la trypophobie. Comment se manifeste-t-elle ? Est-il possible de la soigner ? C'est ce que nous allons voir.

Qu'est-ce que la trypophobie ?

La trypophobie est la peur des petits trous, ou de toutes formes géométriques circulaires, convexes rapprochées. Le meilleur exemple que nous pouvons donner est le nid d'abeilles. Le gruyère, une toile d'araignée ou certaines plantes peuvent également donner lieu à une crise de trypophobie chez les personnes qui en souffrent.

Cette phobie touche à l'heure actuelle de nombreuses personnes, mais n'a été découverte que très récemment. En effet, il faut attendre jusqu'en 2005 pour qu'une première étude et un descriptif de cette phobie voient le jour. Depuis, de nombreuses recherches ont été réalisées sur le sujet, afin d'en apprendre plus sur cette peur panique.

La trypophobie fait intervenir le système nerveux parasympathique

Lors de la réalisation d'une étude aux états-Unis, des chercheurs ont fait intervenir un groupe de volontaires et leur ont diffusé des images de trous rapprochées, d'animaux dangereux, ainsi que des images ne suscitant aucun sentiment particulier. Il s'avère que, contrairement aux images d'animaux féroces faisant réagir le système nerveux sympathique, les images de trous ont suscité une réaction dans le système nerveux parasympathique, c'est-à-dire le centre de la conservation de l'énergie.

Le centre nerveux parasympathique permet de réguler les battements du cœur ainsi que la tension artérielle, en jouant un rôle de vasodilatateur, lorsqu'il est au repos. En revanche, lorsque ce système est perturbé par un élément de l'environnement (ici, une image montant des petits trous rapprochés), il provoque la bradycardie, un malaise vagal, une augmentation de la production de sécrétion salivaire, un relâchement des sphincters, ainsi qu'une rétractation de l'iris.

Ces phénomènes ont été constatés chez les personnes souffrant de trypophobie et ont été accompagnés par une réaction de dégoût. D'autre part, la trypophobie possède les mêmes symptômes que les phobies classiques, c'est-à-dire un sentiment de panique, une anxiété forte, ainsi qu'une fuite, c'est-à-dire l'évitement du sujet à l'origine de la peur.

Que peut-on tirer de cette expérience ? En réalité, la peur des petits trous serait un mécanisme hérité de nos plus vieux ancêtres. Certains chercheurs pensent que ces formes géométriques feraient référence aux dessins et motifs que l'on retrouve la peau des animaux dangereux, comme les serpents, certains félins ou même quelques espèces de pieuvres venimeuses.

D'autre part, on suppose également que les petits trous caractérisent la moisissure et certaines maladies de peau également. Aussi, le réflexe du système nerveux parasympathique, provoqué par la visualisation d'une image représentant des trous, pourrait être un mécanisme de protection contre les maladies.

Une phobie non reconnue, mais diagnostiquée

Comme nous l'avons mentionné, la trypophobie est une phobie découverte récemment. Elle ne fait pas partie des phobies connues, mais peut toutefois être diagnostiquée puis ensuite traitée, comme nous allons le voir prochainement. La trypophobie test peut être réalisée auprès d'un médecin généraliste, en mesure d'établir les bases d'un diagnostic, d'un psychologue ou d'un psychothérapeute.

Il a été démontré que les personnes les plus sujettes à la trypophobie sont les femmes. 18% d'entre elles seraient concernées, contre 11% pour les hommes. À l'heure actuelle, il n'est pas possible de mettre en lumière les facteurs de risque de cette phobie, même si une corrélation entre trypophobie et troubles dépressifs ou anxiété sociale a déjà été mise en lumière.

Comment traiter la trypophobie ?

La trypophobie peut être soignée de la même manière qu'une phobie classique, c'est-à-dire grâce à une thérapie cognitivo-comportementale. L'objectif est de faire disparaître la peur, en confrontant la personne phobique à la cause de sa phobie. Un cadre rassurant sera mis en place, afin de faciliter cette démarche.